Ma mère voyage à travers le monde, et moi je peine à élever mon fils après le divorce — sa réponse m’a surprise.

 

Ma mère est une personne extraordinaire. Elle a travaillé comme comptable toute sa vie — presque quarante ans. Elle a toujours été raisonnable, économe et très soigneuse dans ses dépenses. Alors que beaucoup se permettaient de partir en vacances à l’étranger, d’acheter des choses et de profiter de la vie, ma mère vivait modestement, économisait, mettait de l’argent de côté « pour la vieillesse ». C’était son objectif principal et sa préoccupation.

Quand j’étais adolescente, j’avais l’impression que ma mère avait un peu peur de vivre. Elle ne s’autorisait pas de vacances, ne dépensait pas pour des loisirs, se faisait rarement plaisir. Elle pensait tout le temps à l’avenir, à l’importance d’avoir une réserve pour ne pas connaître de difficultés à la retraite. Nous ne parlions pas de ces pensées, mais j’espérais que quand elle partirait à la retraite, elle pourrait enfin se détendre et profiter de la vie. Je l’imaginais comme une grand-mère calme, qui s’occuperait des petits-enfants, ferait des pâtisseries et savourerait des soirées familiales paisibles.

Mais la réalité fut différente.

 

Aujourd’hui, ma mère voyage. Elle visite différents pays, se repose sur des stations balnéaires, goûte de nouveaux plats et savoure chaque jour. Elle m’envoie des photos : bronzée, vêtue avec élégance, un sourire sincère aux lèvres. On dirait qu’elle vit enfin pour elle-même.

Et moi ? Je suis sa fille unique, qui élève seule un petit garçon après un divorce. Je dois gérer seule les dépenses — le loyer, les crédits, les besoins quotidiens. Parfois, l’argent manque même pour le strict nécessaire. Dans ces moments, mon cœur se serre, et je me demande : pourquoi ma mère, qui a économisé pendant tant d’années, ne peut-elle pas tendre la main pour aider ?

Récemment, lors d’une journée particulièrement difficile, j’ai décidé de l’appeler. En arrière-plan, j’entendais le bruit des vagues et les rires joyeux des gens — ma mère était quelque part loin, au bord de la mer. Je lui ai demandé doucement :

 

— Maman, tu sais comme c’est dur pour nous en ce moment… Pourquoi ne veux-tu pas aider ?

Elle a gardé le silence un instant. Puis, d’une voix douce mais ferme, elle a répondu :

— Je t’aime beaucoup. Mais si je consacre encore toute mon énergie et mon temps à aider les autres, qui prendra soin de moi ? Tu es déjà une femme adulte, et je suis sûre que tu sauras surmonter les difficultés. Maintenant, pour la première fois de ma vie, je vis pour moi.

J’ai été bouleversée. Cette phrase ne quittait pas mon esprit. J’avais l’impression que ma mère s’éloignait, qu’elle choisissait son confort au lieu de me soutenir, moi et mon fils. Pourtant, j’ai toujours essayé d’être là pour elle — je l’aidais, je prenais soin d’elle, je m’inquiétais pour elle.

 

Avec le temps, j’ai compris : ma mère a sacrifié ses envies toute sa vie pour la famille et le travail. Elle s’autorisait rarement du repos, pensait toujours aux autres. Maintenant, que c’est son tour de se reposer et de profiter de la vie, elle a décidé de changer ses habitudes.

J’ai toujours du mal et je me sens parfois seule. Mais peut-être que l’amour, ce n’est pas seulement de l’aide et du soutien. C’est aussi de la confiance, la foi que ceux qu’on aime trouveront la force de suivre leur propre chemin.

Peut-être que son choix n’est pas un refus, mais une opportunité pour nous deux de devenir plus fortes. Il est temps de construire notre propre vie, d’assumer nos responsabilités et de respecter les choix de chacun.

desicdenic24
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